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Kestuli

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Paul Trémore - Lord K

Publié par Lord K sur 28 Août 2019, 07:55am

Catégories : #Les nouvelles de Lord K

- Rien ne serait arrivé si je n'avais pas changé de coiffeur !

Le gendarme assis face à moi me regarde avec des yeux interrogateurs.

- Pardon ?

- Je disais, rien ne serait arrivé si je n'avais pas changé de coiffeur…

Je m’appelle Paul Trémore et je suis agent technique Chef à la Mairie de Plateville. C’est vendredi et le vendredi, nous avons pour habitude, avec les collègues du service, de faire le bilan des actions de la semaine en mairie. À dix-huit heures, notre réunion terminée, je m’apprête à quitter le bâtiment lorsque Monsieur le Maire, un peu chafouin, m’interpelle dans le hall d’entrée.

  • - Monsieur Trémore, votre qualité de chef de service sous-entend que vous donniez l’exemple et, à mon sens, votre allure me semble légèrement négligée ! Il conviendrait que vous portiez le cheveu moins long…

Sans autre forme de procès, sans que je puisse avoir le temps de répliquer, il se détourne et continu son chemin.

Surpris par la remarque, immanquablement attiré par la grande glace de l’entrée, j’observe attentivement le reflet de mon ‘’allure’’ quinquagénaire.

Force est de constater que ce n’est pas brillant. Ma tignasse se compose d’un amas de cheveux grisonnants, en bataille, dégoulinants le long de mon visage puis sur mon cou pour atteindre la naissance de mes épaules. Piètre constat…

Réactif par nature, je décide d’agir immédiatement. Il me faut un coiffeur.

Le temps de rentrer dans mon quartier, mon coiffeur habituel sera fermé. Par chance, un salon de coiffure vient d’ouvrir depuis quelques mois sur la place, juste en face de la Mairie. Je m’y rends illico.

 

- Voilà brigadier, comment je me suis retrouvé assis dans le fauteuil d’un coiffeur qui n’était pas le mien à dix-heures trente face à la Mairie…

 

Il est dix-huit heures trente donc, et la Mairie est fermée depuis une bonne demi-heure. Tous les employés sont partis, la tête remplie d’images du week-end qui les attend.

Tous ? Non…

De mon poste d’observation improvisé, je suis le témoin d’un étrange manège. Sur le côté du bâtiment, une femme fait le va et vient entre sa voiture, garée là, et la porte de service, les bras chargés de cartons.

Cette femme je la connais bien, c’est Brigitte. Brigitte Bétrugues la secrétaire de Mairie.

Pas moins de trois cartons passent ainsi de la mairie à la voiture de Brigitte avant que je ne la vois démarrer et s’éloigner tranquillement.

 

- Et à aucun moment vous n’avez pensé à nous prévenir ! Me lance le brigadier.

- Ma curiosité était piquée, vous comprenez, il fallait que je connaisse le fin mot !

 

Comme je suis moi aussi en possession des clefs de mon lieu de travail, je décide d’inspecter les lieux.

Pendant plus d’une heure je passe  en revue les locaux, de la cave au grenier sans résultat. Rien ne semble manquer. Que pouvait-il bien y avoir dans ces cartons…

Les vendredis suivants, posté sur un banc de la place, j’observe la porte dérobée de la Mairie. Le va et vient de Brigitte avec ses cartons va ainsi se reproduire chaque dernier vendredi du mois.

Bien décidé à comprendre ce manège, après plusieurs mois d’observation, je me dirige vers Brigitte.

Surprise, elle laisse tomber ses cartons, et, l’un d’eux s’étant ouvert, je ne peux résister à glisser un regard inquisiteur à l’intérieur.

- Je peux tout t’expliquer ! me lance-t-elle.

- Je crois que ça se passe de commentaires…

D’un geste vif, j’ouvre le second carton. Le contenu est identique. Des fournitures de bureau toutes neuves…

Brigitte m’explique alors que depuis le passage au numérique, le maire ne signe plus les mandats papiers et que, pour des raisons pratiques, c’est elle qui utilise la signature électronique. Il lui est alors venu l’idée de profiter de la situation et avec la complicité d’un soldeur de la région, elle revend les fournitures achetées par la Mairie.

Soulagée par cet aveu, Brigitte fond en larmes et me promet de tout dire au Maire dès le lendemain matin.

 

- Je vous remercie, Monsieur Trémore, pour votre témoignage édifiant. Grace à vous cette affaire a été efficacement résolue !

- C’est mon nouveau coiffeur, brigadier, qu’il faut remercier. Je lui dois ma nouvelle vocation…

 

Car c’est ainsi qu’après avoir brillamment résolu ma première enquête, je devins Paul Trémore, le célèbre détective privé.

 

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S
Très bel article, très intéressant et bien écrit. Je reviendrai me poser chez vous. N"hésitez pas à visiter mon univers (lien sur pseudo). A bientôt.
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L
Merci...

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