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Kestuli

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Bob - Lord K

Publié par Lord K sur 11 Décembre 2018, 14:59pm

Catégories : #Les nouvelles de Lord K

Robert Tambour est ivre. Comme d’habitude.

Sans travail, sans argent, sans amour, son quotidien se résume à une recherche constante de sponsors pour son sport favori : le levé de coude.

Sa vie n’avait pourtant pas si mal démarré. Né dans les années soixante au sein d’une famille suffisamment aisée pour nourrir et élever confortablement les trois enfants du foyer.

Un père employé de banque et une mère dévouée à ses enfants. Chez les Tambour, on est bien loin de Zola.

Robert est l’ainé de la fratrie.

Quand nait sa sœur, vers ses six ans, il pense qu’il a perdu toute l’attention de sa mère dont il avait jusque-là l’exclusivité. Il n’aime pas sa sœur.

Robert ne fait pas d’étincelles à l’école, ce n’est pas un cérébral. Son père l’a bien compris et voudrait qu’il brille dans un sport. Il a tout essayé, du foot à la pétanque. Il faut se rendre à l’évidence, Robert n’ai pas un sportif.

A la naissance de son frère, il a huit ans. Son père se plait alors à rêver d’une descendance enfin brillante. Robert n’aime pas son frère.

Ses professeurs ont abandonné depuis longtemps l’idée de faire quelque chose de lui. Sa moue dédaigneuse sous sa tignasse blonde toujours mal peignée ne déclenche pas l’empathie des enseignants, ni celle des élèves. Robert s’en moque, il ne les aime pas.

A seize ans, Robert quitte l’école et personne ne le retient ou ne le regrette. Et pas question pour lui de remettre les pieds dans un établissement scolaire. L’apprentissage, on oublie. Robert veut travailler et gagner des sous.

Robert Tambour entre dans la vie active sans conviction.

Ses entretiens avec les quelques employeurs que son père a pu convaincre sont autant d’échecs.

Sa réputation finit par le précéder.

Quelques travaux ingrats passent toutefois à sa portée mais Robert n’y met guère d’entrain.

On dit de lui qu’il est « bon à rien et mauvais à tout ». Il faut se rendre à l’évidence, Robert n’aime pas le travail.

A vingt ans, riche des trois francs et six sous que lui verse l’Assedic, Robert vit toujours aux crochets de ses parents.

Côté filles, il aimerait bien tenter sa chance. Les filles ne veulent pas…

Il fréquente assidûment les bars.

Robert n’aime pas sa vie. Chaque soir, accroché au comptoir, avec ses copains de beuverie, il la refait, il la rêve.

 Oui, Robert se rêve américain…

Ah s’il était nait aux States, au Texas ! Il aurait fait fortune dans le pétrole ! Comme dans Dallas.

Même qu’on l’aurait appelé Bob et pas Robert, ce prénom qu’il déteste.

Bob Trump ! Voilà un nom qui claque.

A quarante ans, Robert a finalement réussi à devenir Bob, dans tous les bistros de la région.

Il a bien essayé de vivre seul, dans des appartements en ville mais on l’a expulsé. Loyers impayés, insalubrité et séjours réguliers en désintoxe ont vite lassé les propriétaires.

Robert vit chez sa mère, veuve depuis peu. Il ne voit plus ni sa sœur ni son frère depuis bien longtemps. Son Amérique tient désormais dans une bouteille.

Robert Tambour ne sera jamais Bob Trump.

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